1. Suis-je guéri de l’hémophilie après avoir reçu une thérapie génique ?
Non, la thérapie génique pour l’hémophilie B n’apporte pas de guérison : la mutation responsable de l’hémophilie B dans vos gènes reste présente. Elle n’est pas corrigée, car la thérapie par AAV ne modifie pas le gène FIX défectueux qui a causé l’hémophilie. Le vecteur AAV amène un gène fonctionnel dans les cellules du foie, mais ce gène ne s’intègre pas dans l’ADN du patient (sauf cas exceptionnels). Ainsi, il n’y a pas non plus de modification des cellules germinales (par exemple les spermatozoïdes), ce qui signifie que l’hémophilie sera encore transmise aux générations suivantes.
Cette thérapie permet au receveur de produire lui-même du facteur IX. Lorsque le taux de FIX est assez élevé pour protéger contre les saignements et qu’il devient possible d’arrêter la prophylaxie, on peut avoir l’impression d’être « guéri ». Pourtant, il reste important de continuer à consulter régulièrement le centre de traitement de l’hémophilie pour surveiller le taux de FIX, la présence éventuelle d’inhibiteurs, la fonction hépatique et d’autres paramètres. Cela permet de détecter d’éventuels effets secondaires et d’évaluer la sécurité et l’efficacité de la thérapie sur le long terme.
2. Combien de temps la thérapie génique sera-t-elle efficace après l’administration ?
C’est une question encore ouverte. Dans les études réalisées chez des patients atteints d’hémophilie B, on constate qu’entre 3 et 5 ans après l’administration de la thérapie génique, l’activité moyenne du FIX reste stable et élevée chez la plupart des participants.
Le patient peut toujours revenir à un traitement prophylactique au FIX si nécessaire, par exemple si la thérapie génique n’est pas efficace (pas de taux de FIX suffisant pour arrêter la prophylaxie) ou si son efficacité diminue au fil du temps (réapparition de saignements lorsque le taux de FIX redescend après avoir été suffisant pendant un certain temps).
3. Aurai-je encore besoin d’une prophylaxie ?
Dans une étude clinique incluant 54 hommes atteints d’hémophilie B modérément sévère à sévère, 96 % des patients n’avaient pas besoin de traitement prophylactique entre 1 mois et 2 ans après l’administration (données les plus récentes publiées). Le taux moyen de FIX était de 36,7 UI/dL, avec un minimum de 4,7 UI/dL et un maximum de 99,2 UI/dL.
Dans une autre étude portant sur un autre médicament de thérapie génique pour l’hémophilie B, 86,7 % des patients n’avaient pas besoin de prophylaxie 15 mois après l’administration. Deux ans après, le taux moyen de FIX variait de 1 à 123,4 UI/dL chez les 39 patients n’ayant plus besoin de prophylaxie.
À l’heure actuelle, on ne sait pas pourquoi la production de FIX varie autant d’un patient à l’autre. Il est donc impossible de prédire pour chaque patient qui atteindra un taux suffisant pour arrêter la prophylaxie et qui n’y parviendra pas.
4. Aurai-je encore des saignements ?
Cela dépend de plusieurs facteurs : un traumatisme ou accident lors d’activités physiques, l’efficacité de la thérapie génique et votre tendance personnelle aux saignements.
Dans les études cliniques, on a observé qu’après 2 ans, les patients traités avaient encore un taux moyen de FIX de 37 UI/dL (etranacogene dezaparvovec) et de 26,5 UI/dL (fidanacogene elaparvovec). Ces taux correspondent à une « hémophilie légère », et dans ce cas, les saignements spontanés sont rares. Mais il est important de noter qu’il s’agit de moyennes : certains patients présentent un taux de FIX plus bas, par exemple 10 % ou moins, et continuent d’avoir des saignements.
5. Pourrai-je pratiquer tous les sports que je veux ?
Cela dépendra de la manière dont la thérapie génique fonctionne chez vous. Pour le savoir, votre activité FIX sera mesurée régulièrement, ainsi que le nombre de saignements que vous présentez encore. En concertation avec votre médecin, il sera possible de déterminer quels sports vous pouvez pratiquer.
La plupart des sports, avec une préparation adaptée, ne présentent pas de risques particuliers.
6. Pourrai-je recevoir encore du FIX si je dois subir une opération chirurgicale ?
Oui, l’administration de concentré de FIX reste possible chez un patient ayant reçu une thérapie génique. La nécessité d’un apport supplémentaire en FIX dépendra de votre taux de FIX (et donc de l’efficacité de la thérapie chez vous) ainsi que de la gravité de l’intervention. C’est le médecin traitant qui en décidera.
7. Mes douleurs articulaires vont-elles disparaître ?
Pour le moment, il existe peu de données sur l’effet de la thérapie génique sur les douleurs (notamment articulaires). Les résultats d’études ne sont pas encore disponibles. Les articulations déjà gravement endommagées avant la thérapie génique ne guériront pas grâce au traitement.
8. Si l’effet de la thérapie génique diminue avec le temps, pourrai-je en recevoir une nouvelle fois ?
Probablement pas. L’organisme du patient fabrique des anticorps contre les vecteurs AAV administrés en grande quantité lors de la thérapie génique. Ces anticorps restent dans le corps. Ainsi, si la même thérapie était administrée de nouveau des années plus tard, il est très probable que les vecteurs AAV nouvellement injectés soient immédiatement attaqués et détruits, rendant le traitement inefficace.
Comme on pense que les anticorps dirigés contre certains vecteurs (par exemple AAV5) peuvent aussi neutraliser d’autres types de vecteurs (par ex. AAV8 ou AAV3), on ne sait pas encore si une autre version de la thérapie AAV pourrait fonctionner.
C’est pourquoi, pour l’instant, une seconde dose n’est pas autorisée. La thérapie génique est considérée comme une opportunité unique. Des recherches sont en cours pour évaluer la possibilité d’une ré-administration.
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40 SPC Beqvez